A vous Madame qui vous êtes permise de dénigrer mon travail vous adressant à un de mes employeurs , avec les termes suivants « entre personnes responsables je me dois de vous dire… »
Sachez madame, que votre rang ne fait pas de vous une personne plus responsable que moi, mais comme il vous plait de croire cela , voyons donc l’observation que j’en fais, de ma place de « petites mains ».
Oui effectivement je suis une de ceux qui ont un « petit emploi », et je le fais avec cœur et de manière responsable, oui ce « petit boulot-là» je l’ai choisi en son temps, réellement choisi, pour, je ne vous le cache pas, pouvoir assumer la responsabilité de nous nourrir ma fille et moi.
Oui madame j’ai choisi de préparer, nettoyer, entretenir des logements, de gens d’ici et parfois je m’occupe de lieux accueillant des gens comme vous, pour un séjour plus ou moins court.
J’admets, parfois cela me dérange un tantinet mais quoi qu’il en soit, ce métier là, comme mes autres métiers, j’ai choisi de les faire du mieux que je peux avec conscience et cœur.
De ces métiers, Madame, j’en suis fière, pour ce qu’ils m’apportent et pour ce que j’en fais.
Madame, face à moi, alors que je vous en ai fait la demande vous n’avez rien reproché, fuyant mon regard, mon sourire et ma présence .Dès mon arrivée cependant,, vous vous êtes sentie obligée de me dire « je suis originaire d’ici , et donc pas une touriste comme les autres » .
Soit et donc ?
Et donc… rien !
Du moins pas dans les yeux, mais une fois les clés rendues, en tant que « personne responsable » vous avez agit en parfaite délatrice, reprochant au propriétaire la présence de poussière sur 3 étagères. Plusieurs échanges, planquée derrière un ordimateur pour 3 etagères…en voilà une affaire ?!!!!
Oui je l’admets indiscutablement, j’ai manqué de vigilance sur 3 pauvres étagères, mon esprit vagabondant vers d’autres sphères quand je préparais ce logement pour vous accueillir.
J’admets mon erreur et aurais été ravie de m’en excuser auprès de vous, les yeux dans les yeux.
Sous prétexte de « parler entre gens responsables » Mais basque et d’ici cependant ,je le repète ici, volontairement, autant de fois que vous avez appuyé sur ce fait (il doit bien y avoir une raison ), vous avez effectivement montré que vous n’étiez pas une touriste comme les autres. Je le conçois encore… vous étiez pire : vous avez laissé exprimer votre condescendance, votre mépris, pour les petites mains telles que moi.
Sachez Madame, que je ne vous en veux même pas !
Au contraire cela me fait sourire.
Parce que Madame, une fois la porte franchie ; ce sont mes mains qui ont nettoyé les traces de votre passage dans la cuisine, qui ont ramassé les draps où vous avez dormi, et qui ont nettoyé les toilettes où vous vous êtes si bien soulagée. Permettez moi de penser d’ailleurs que si les draps eurent été moins propres, peut-être que moins « responsable et plus détendue vous seriez et votre langue serait moins acerbe ».
Du court échange que nous avons eu j’en retiens votre empressement à me dire « je suis basque » et cela me donne légitimité et des droits en ces lieux (cela était sous entendu) , suivi de « et je reviens m’y installer et travaille bientôt » …grand bien vous fasse !!
A y réfléchir, peut-être qu’effectivement mon nom vous a fait penser que vous aviez plus de légitimité que moi à vous dire basque. Effectivement, vous avez le droit de l’imaginer, et je m’autorise le droit d’en sourire…par habitude et par lassitude un peu aussi je l’avoue.
Mon nom (le 1er) n’est pas basque mais mon âme l’est ! Mon père n’est pas basque mais mon éducation et mes valeurs le sont et c’est ce qui me fait très certainement garder le sourire face à vos actions ces derniers jours… (milesker aitatxi ta amatxi)
En tant que petite main d’ici, j’ai soigneusement (à 3 etagères près) préparé le lieu, en musique pour tout vous dire, basque bien entendue ! Dans la cuisine, j’ai pris soin d’y disposer, pour vous et les personnes reçues des produits locaux achetés à l’épicerie du coin…Qu’elle n’est donc pas ma surprise de voir qu’à votre départ ces quelques produits de base ne sont plus là…n’ayez crainte Madame je les ai remplacé, une fois le ménage fait pour les prochains touristes, souriant (jaune) et sans mot dire au propriétaire. Ma responsabilité étant qu’ils ne manquent de rien et qu’ils se sentent chaleureusement accueillis!
Alors Madame, en tant que petites mains responsables, je me dois toutefois de vous dire Merci.
Une fois de plus, en ne me pensant pas basque, vous m’avez rappelé combien je le suis ! Combien en regardant par la fenêtre, dépoussiérant les fameuses étagères j’ai ressenti la présence de mes ancêtres, et combien, dans le vent qui soufflait, j’ai ri avec Emazte Xuri du ridicule de la situation.
Oui madame, les mots en euskara me manquent pour vous dire à quel point je vous emmerde (quoique …avec un petit effort je les ai) , en ce point je ne suis pas tout à fait Euskaldun mais j’y travaille assurément.
Oui madame je n’ai pas de nom basque mais je suis bel et bien d’ici, du plus profond de mon être, du plus profond de mon cœur, à chacune de mes respirations, à chaque larmes versées, dans chaque pas, chaque geste, chaque acte, chaque erreur, chaque émotions, dans chaque faux pas, dans chacune de mes revendications je vis en basque et et de plus en plus fort qui plus est ! Et donc, je continuerai à l’être ! et puis tenez, si je le peux, j’essaierai de le faire encore mieux !
Oui madame je vous remercie, parce qu’à travers votre façon d’agir « en tant que personne responsable » vous m’avez fait saluer et porter haut les couleurs des gens de petites mains comme moi ! Avec honneur et fierté d’ailleurs!
Vous m’avez permis de mettre en lumière, un non choix que je me refusais de faire, merci donc, il ne me reste qu’à passer à l’acte !
Merci Madame ! Vous avez renforcé en moi la force de la parole juste, de la parole vraie, de la parole donnée ! Quelle fierté là encore ! Hitza Hitz, vous connaissez sûrement…
Madame, vous avez revendiqué ne pas être une touriste comme les autres, je le confirme encore vous avez été pire ! Et sous ma cape, j’en ris !
Une dernière chose toutefois me vient à l’esprit. Dans ma vie, vous n’avez été que de passage ; peut être, nous croiserons nous à nouveau puisque vous revenez ici bientôt.
Vous revenez si j’ai bien compris, exercez votre métier de « personne responsable » ainsi mis en lumière. Soit ! je vous souhaite bien du courage mais prenez garde, il y aura peut-être dans vos petites mains d’en dessous, des basques comme moi que vous pourriez aussi froisser, je vous souhaite toutefois que comme moi, ils préfèrent en sourire , plutôt que d’en prendre ombrage…
Izan 20/01/2021